OPmobility demande une remise à plat

Alors que le VDA, le puissant lobby des constructeurs allemands, a réitéré le mois dernier sa demande de « flexibilité » sur le sujet, Laurent Favre, le directeur général de l'équipementier OPmobility (ex-Plastic Omnium), réclame à son tour une remise à plat, afin « de remettre au premier plan ce que veut le consommateur final. »
Comme la plupart des industriels de la filière, le dirigeant déplore le plongeon de la production automobile tricolore ces dernières années. « Nous avons subi un recul de 40 % qui nous ramène au niveau de 1962 ! pointe-t-il dans un entretien aux « Echos ».
Notre exposition à cette baisse est relativement limitée, car OPmobility s'est internationalisé et ne réalise plus que 5 % de son chiffre d'affaires en France. Mais pour les fournisseurs qui réalisent 80 % de leur activité dans le pays, c'est dramatique. » La situation n'est toutefois pas spécifique à l'Hexagone, pointe-t-il. La production européenne s'est dans le même temps érodée de 20 %. Pour Laurent Favre, ce déclin s'explique par une perte de productivité, mais aussi par une déconnexion de l'offre avec la demande : « La voiture est devenue un objet qui doit être en ligne avec les réglementations européennes. Cela conduit à développer des voitures que les gens ne veulent pas acheter », affirme-t-il, en pointant du doigt les véhicules électriques.
Le dirigeant n'occulte pas la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. Mais la stratégie actuelle, selon lui, ne marche pas : « La croissance des ventes 100 % électrique est beaucoup plus lente que prévu. Nous sommes autour de 17-18 % cette année, au lieu de 25 %. On ne rencontre pas les attentes du consommateur, pour différentes raisons : le prix, des infrastructures insuffisantes dans certains pays, des subventions à l'achat qui s'amenuisent, etc ».
Pour le dirigeant, il est donc urgent de revenir à une approche « multitechnologies », en misant notamment sur les modèles avec prolongateurs d'autonomie, ces voitures électriques dotées d'un moteur thermique qui fait office de groupe électrogène sur les longs trajets. « Ces véhicules ne sont pas zéro émission, mais ils permettent de décarboner très fortement par rapport au parc existant. » Le même argument a été invoqué pour promouvoir les hybrides rechargeables au début de la décennie, mais de très nombreux conducteurs n'utilisaient jamais la batterie.
Pour Laurent Favre, cet écueil n'est plus d'actualité : « Il est tout à fait possible de savoir si un conducteur roule 90 % du temps sur la batterie ou s'il ne la recharge jamais. Et appliquer en fonction de cela une fiscalité incitative ou punitive. » Selon le dirigeant, le cap du zéro émission en 2035 conduit également à un retard technologique : « On a décroché sur les véhicules hybrides peu polluants, car les constructeurs ne veulent plus investir sur une technologie qui sera bientôt interdite. »
Il demande donc de redonner rapidement de la visibilité au secteur, afin de « pouvoir décarboner tout en maintenant la production, l'emploi et les capacités d'innovation en Europe ».